Prend note, Académie Française!
Car voilà l’une des phrases les plus fréquemment entendues de la bouche de ceux nés après les années 2000.
Pas peu fiers d’envoyer bouler une pratique
connotée vieux monde.
C’est pour le moins curieux,
cette pique assénée pour défendre qu’on ne lit pas.
D’autant plus ironique qu’elle vient de certains éléments de cette génération dite-Z, celle-là même qui a érigé Monsieur et Madame Tout le Monde en guru de la mode, de la musique, de la pensée, et de l’activisme.
Ceux-là même qui ont donné vie et droit de parole à la secte des influenceurs. Bref.
On parle bien de cette génération pour qui « Angie » évoque une compagnie d’électricité. Et dont 86% rêvent, justement, d’être influenceurs.
Amen
Ils ne lisent pas, disent-ils, pour ne pas être influencés.
Je ne dirai qu’une chose.
C’est sûr que lire Pascal, Bossuet, Rousseau, Nietzsche ou Camus,
c’est être influencé à penser par et pour soi-même.
Lire Gauchet, Karl Polanyi, Walter Benjamin, Lipovetsky ou Arendt c’est être influencé à comprendre les ressorts socio-economico-politiques derrière les grands phénomènes de la société contemporaine.
Enfin…
Lire Balzac, Zola, Sagan, Verlaine, Proust ou Rimbaud,
c’est être influencé à développer sa propre sensibilité.
Lire Jules Vernes, Orwell, Lovecraft, Philip k. Dick, c’est forcément
être influencé à projeter des mondes inédits, de nouveaux possibles
— des utopies et contre-utopies.
Mais on nage dans le cinquième degré:
qui voudrait sincèrement voir au delà de son écran;
il est déjà surchargé de modèles à suivre!
Voilà, ils ont sans doute raison.
Mieux vaut-être influencé tout court.
La vie, la vraie, la vécue, elle est là.
Sur Instagram, Tik-Tok et Snap.
Ne reste qu’à reproduire ad nauseam l’esthétique, l’idéologie,
la personnalité d’un autre qui nous ressemble, ou nous fait rêver.
Le prêt-à-penser,
c’est tellement plus authentique.
Credits Images : Peintures par Erró