Diamant, Amour et Mariage pour Toujours: Marketing Pur
L’homme post-moderne est un follower programmé.
Et sa capacité la plus noble n’y échappe pas.
Amour. Mariage. Big bague? En diamant, évidemment!
Réalité pervertie, peut être, mais réalité quand même.
La tradition du diamant comme symbole de l’amour existe depuis toujours… Ah non, pardon. Diamant, amour et mariage sont le résultat d’une campagne publicitaire établie au début des années 1900 par la firme De Beers.
Fin XIXe siècle. De Beers, l’entreprise qui s’est accaparée les ressources minières de l’Afrique du Sud pendant la colonisation, devient celle qui scelle le monopole de l’amour, et de la preuve qui va avec.
Son slogan? « Two months’ salary showed the future Mrs. Smith what the future will be like. »
C’est beau. C’est rare. C’est pur.
2023. Passé dans le patrimoine conventionnel, le slogan ressort dans toutes les bouches. Prêtes à sauter le pas. Prêtes à tout pour montrer leur amour.
Si chaque amour est unique, sa figuration est pourtant d’une banalité affligeante. Un diamant planté sur un solitaire?
C’est ça l’amour, standardisé.
Pure création ex nihilo, l’amour se prouve en diamant.
Et les conséquences sont immondes.
Pierres prestigieuses chez les uns, pierres convoitées chez les autres.
BANG! Les peuples autochtones se tuent à la tâche pour servir la demande. Le fouet, la peur et la misère pour gageure.
Mieux, le prestige se diffuse et se normalise sur les têtes et les cous qui les arborent.
Le plus prestigieux d’entre tous? Le Koh-I-Noor.
Volé aux Indiens par un tour de passe-passe le diam’s.
Désormais incrusté sur la couronne de la Reine d’Angleterre.
L’effet de ruissellement est stupéfiant.
Les followers programmés que nous sommes se jettent ou rêvent de diamants. Gloutonnement. L’exaltation, voisine de l’extase, véhiculée à travers le cinéma, la mode, les arts et le folklore — le diamant dès lors est un obligatoire aux femmes de cette planète.
Comment est-il obtenu? Pourquoi le prix est-il négocié à Anvers? Le travail des enfants? Ces questions n’ont pas été posées pendant bien longtemps.
Aujourd’hui, on sait…
On connaît le goût risible d’un Bokassa. Le goût bling de Sarkozy, Naomi
et Giscard. On connait le trafic. On sait l’implication des puissances occidentales. On sait le sang, la sueur, le dégoût, l’atrocité que portent ces diamants en eux.
On sait tout ça. Pourtant, ce solitaire ridicule reste trop convoité.
Alors on racle les sols instables des pays d’Afrique, forçant ces pays à une instabilité éternelle.
Tout ça pourquoi déjà? Ah oui.
Tout ça pour finir sur le doigt boudiné, piqué de faux ongles-griffés, d’un décalcomanie bien raté de la Haute Société.
« Nos diamants proviennent de divers pays dont le Botswana, le Canada, la Namibie, la Russie et l’Afrique du Sud. Par nos pratiques responsables en matière d’approvisionnement, nous cherchons à promouvoir la protection des droits de l’homme et de l’environnement, tout en créant des débouchés économiques pour les communautés concernées par la chaîne d’approvisionnement en diamants. Par exemple, selon les chiffres de 2018, 99 % de notre main-d’œuvre mondiale chargée de la fabrication (soit environ 4 000 employés) provenait des communautés établies à proximité de nos activités. »
Archiépatant
« Des débouchés économiques
pour les communautés concernées. »
Comprendre laisser des cacahuètes aux populations locales.
Comprendre réaliser des milliards de profit annuel, avec leur richesse naturelle.
Comprendre maintenir des populations serviles
à un système qui les dessert.
Comprendre le cynisme absolu de la loi d’un marché,
directement hérité du temps béni des colonies.
Le diamant,
c’est le comble du mauvais goût.
Une calamité mondiale qui ne fait plus bander grand monde.
Sinon, peut-être, celles qui entendent y entrer en faisant bander
beaucoup de monde.
Et côté marketing 2.0, on s’en doute:
c’est la débandade!
Comment vendre le diamant à des jeunes qui n’en ont que faire?
On note, et on grimace devant les tentatives désespérées des Tiffany’s & Co.
Comment fait Tiffany’s pour parler à l’époque et convaincre la chimère Millenials?
A coup de rap et de sweat à capuche.
Et l’éternelle scène d’ouverture du film Breakfast At Tiffany’s.
On a rarement vue publicité si embarrassante…