Vogue Portugal prend-il le Lead?

Dec 8th, 2023
 
by Doria

A quoi juge-t-on la pertinence d’une édition de Vogue dans le paysage mediatico-culturel?

On y lit des sujets qui font dire: « Wow, jamais vu les choses sous cet angle avant! »

Parler de Vogue comme de la “Bible de la Mode” n’est pas anodin.
Vogue ne se contente pas de suggérer des tendances; il les décrète.
Enfin, il les décrétait…

Bien sûr, glamour et beauté sont dans l’ADN de Vogue. Mais c’est une beauté qui a de la profondeur, qui raconte une histoire, qui transcende le superficiel. C’est une beauté qui fait réfléchir, qui émeut, qui reste gravée dans l’esprit bien après que le magazine a été refermé.
Enfin, c’était.

 

 

 

La mode, elle, reste la mode — et bien que démodée en 2023, elle reste l’art de s’habiller, bien sûr. Mais c’est aussi l’art de respirer, de penser, de sentir, de voir et de se mouvoir.

 

Et voilà que dans l’éternel défilé de déjà-vus qu’est devenue la fashion, où les couvertures de magazines sont souvent plus fades qu’une salade iceberg, Vogue Portugal, c’est un peu la bouteille de hot sauce pimentée — prête à embraser les palais!

Le cas Vogue Portugal: Sous licence Condé Nast

Flashback. 2017, Lisbonne.

Lighthouse Publishing, armé d’une licence de Condé Nast, ressuscite Vogue Portugal, et bam! La mode a son nouveau héros — pas encore tout à fait Batman mais pas loin d’être déjà Robin.

Là où d’autres éditions de Vogue se contentent de naviguer sur des eaux calmes du glamour superficiel — Vogue Portugal plonge dans la substance et la signification de ce qui fait l’époque.

Lighthouse Publishing, c’est la compagnie fondée par Sofia Lucas et José Santana. La première est rédactrice-en-chef, le second directeur artistique.

Et parce que les publications sous licence conservent une certaine autonomie éditoriale, Vogue Portugal danse au bord de la liberté, jonglant avec ses propres idées, tout en bénéficiant d’un filet de sécurité tendu par la grande maison-mère. Ici, Condé Nast.

 

 

 

A eux deux, Sofia Lucas et José Santana ne redonnent pas simplement vie à un titre; ils en ont ressuscité la vision. Une vision où la mode n’est pas un simple écho de la société, mais un outil pour remodeler le monde !

Chaque page, chaque image de l’édition du Vogue Portugal aspire à être une syllabe dans une conversation sur l’identité, le choix, la liberté. Un manifeste de la diversité, embrassant l’imperfection, l’acceptation de soi et l’authenticité.

 

 

Moins de politiques éditoriales, plus d'art

Vogue Portugal a compris une vérité essentielle: la mode est bien plus qu’une série de tendances et de textiles. C’est un langage vivant, un moyen expressif de communiquer des idées, des sentiments, des aspirations.

L’approche éditoriale s’écarte du modèle traditionnel centré sur l’envie ou le statut de “modèle à suivre”. Au fil des pages, on découvre un monde où la mode est amusante, colorée, onirique et sexy, aussi empreinte d’émotion et de profondeur.

 

Sous la bannière de Lighthouse Publishing, s’éloignant des rives de la politique éditoriale rigide qui cherche à vendre du rêve, d’abord au profit des maisons qui y injectent le plus d’argent — Vogue Portugal se permet !

Chose peut-être plus simple pour un Vogue relégué depuis longtemps en seconde division, vrai.

La "Fame Issue" n'est pas juste une célébration des célébrités, c'est une introspection sur la nature de la célébrité elle-même. "The September Issue. Let’s Work" est plus qu'une renaissance post-pandémique, c'est un hymne à la résilience humaine.

Dans son audace, qui grandit à chaque numéro, Vogue Portugal semble marcher dans les pas du Vogue Italie de Franca Sozzani. Comme Sozzani, Vogue Portugal n’a pas peur de secouer le cocotier, d’en faire tomber diamants et perles de sagesse pour les filer en commentaires sociaux et culturels.

C’est une danse sur la corde raide entre le glamour et la gravité.

Alors oui, Sofia Lucas n’est pas Franca Sozzani, et le propos reste un peu timide — reste que Vogue Portugal semble aujourd’hui plus pertinent dans son approche que ses confères… Dans sa version papier, il transcende presque le tissu pour toucher le cœur des problématiques contemporaines.