En juin dernier, à New-York, Marc Jacobs orchestrait un coup de maître:
un défilé fulgurant de trois minutes, pour cet hiver 2023.
Un hommage sarcastique à ses propres défilés, où l’attente interminable s’étendait parfois sur 2 heures…
Peut-être.
Reste que l’exercice du défilé porte en lui un statement — Marc Jacobs,
en véritable anarchiste de la fashion, interroge:
Qui se soucie encore des vêtements quand ils ne sont portés ni par des stars, ni par les influenceurs?
Peu de téléphones levés, peu de photos instantanées, peu d’influencers invités. Marc Jacobs a envoyé tout ses mannequins en simultané pour un défilé qui dura, grosso modo, 1 minutes et 47 secondes… Le public, pris de court, n’a eu ni le temps de scruter les tenues ni de les capturer sur écran. Mais Marc Jacobs, généreux, a fait un second passage.
Une satire mordante, qu’on a évidemment adôôrée!
Qu’on se le dise: les défilés se succèdent dans un tourbillon d’oubli.
Des défilés tenant plus du buzz-au-mètre, où chaque coup d’éclat est une pièce de monnaie jetée dans la fontaine de la popularité.
Autour des défilés, tout compte sauf le vêtement: les pop stars déclenchent des cris hystériques dans une foule galvanisée comme par Jésus ou Poséidon – au bas mot – des starlettes qui défient les lois de la gravité pour inscrire leur nom en TT, et les sacro-saintes chutes des mannequins.
Voilà pour le contexte.
Et puis, honnêtement, six mois plus tard, qui désire encore ces vêtements?
Lorsqu’elles arrivent enfin en boutique, les pièces sont comme les fantômes de leur propre gloire…
Six mois plus tard, lorsque la saison débarque, ces vêtements semblent déjà érodés par le temps, usés par leur surexposition dans les magazines et sur les réseaux sociaux.
(NB: le concept du “See-now, buy-now“, lancé en 2016, s’est avéré être un flop)
Alors Marc Jacobs a choisi de frapper vite et fort, sans attendre l’approbation des célébrités ou des influenceurs… du moins autour du défilé !
Marc Jacobs, avec ce défilé éclair, a lancé un défi à l’industrie: revenir à l’essence de la mode, où la confection prime sur la consommation — d’IMAGES!
En choisissant de limiter la captation instantanée de son travail,
Marc Jacobs soulève une question fondamentale:
Les vêtements perdent-ils de leur superbe quand ils deviennent des produits uniquement destinés à générer des interactions digitales?