Pourquoi Ça Plaît: Stranger Things

An article written by Doria

Au-delà du matraquage médiatique, du FOMO, du besoin grégaire de l’Homme d’appartenir à une communauté. Au-delà d’être le sujet parfait des déjeuners/dîners/goûters à meubler…

Stranger Things plaît. Car il y a plus.

Les imaginaires sont des orgues sur lesquels les créatifs les plus talentueux peuvent bien jouer n’importe quoi. Tant que la partition veille à souffler sur les cordes sensibles; éveillant celles qui sont enfouies chez l’Homme primitif qui nous habite.
Tous.

Examinons celle de Stranger Things.

 

1. Enfance Héroïque et Violence Répugnante

Comment une série parvient à scotcher les familles autour de l’activité la plus fédératrice du siècle?
Netflix a cerné les méta-récits d’aujourd’hui.

Dans Stranger Things, les héros sont des enfants. Le mythe de l’enfant-héros? Figure parfaite pour transfigurer l’apathie de l’adulte.

Et à l’heure où Greta mène du haut de ses 15 ans une lutte dont les balbutiements précèdent sa naissance de plus de 50 ans… BINGO!

 

Ces enfants là, par contre, les monstres, ils les buttent.
Et par ici les scènes de massacre.

Les plans passant vivement de l’obscurité à la lumière vive pour…
AAAAHHH, le monstre!

Mais qu’on se rassure, l’horreur est esthétique.

Les corps humains possédés puis déchiquetés. Les boyaux exposés.

Par ici encore les sacrifices quasi-récurent à chaque fin de saison.

Emerveillement et crainte.
Emotions paradoxales: jubilation du cerveau lyophilisé.

 

Les supers héros de Stranger Things sont ceux attendus par la société post-2008: ils sont ordinaires. Le salut viendra bien de la société civile. Aka, Monsieur et Madame Tout-le-Monde.

2. En Majeur: Les Russes ne sont jamais bien Loin. Complots!

En parlant de ces bons vieux Miss And Mister Nobody: Stranger Things surfe à loisir sur leurs angoisses. 

Le plot le plus efficace? Laboratoire secret et tests amoraux.
Avec le soutient de l’Etat.

On ne compte plus le nombre de théories à relent complotistes assurant que la Vache Folle fut provoquée dans le but de réduire la population. Que le VIH a été propagé via des campagnes de vaccination. Et blablabla, le COVID…

D’où la dernière tendance en date, faisant de l’anti-vaccination l’apanage des neo-savants. Eux qui, contrairement au commun des idiots, savent. #NOUSSACHONS

Stranger Things titille donc la corde complotiste autour d’une conspiration, très, très efficace.

Un laboratoire développe en secret, et avec l’appui du gouvernement, un drôle de programme, baptisé MK-ULTRA.

Une mise en scène délirante de la crise de confiance des individus envers
a) le gouvernement,
b) les entreprises pharmaceutiques,
c) la science.

Pendant ce temps là, dans la vraie vie, en Juin 2019, un Français sur trois déclarait trouver les vaccins dangereux.
Soyons sérieux.

Par contre, ta life c’est rien à côté de ce qui est arrivé à la petite Eleven — ancien enfant-cobaye, elle a subi des tests de malades mentaux. Avant de s’échapper des griffes des docteurs fous sponso’ par l’Etat… à la seule force de ses super-powa.
Pas mal, pour une fille!

Et voilà les Russes. Jamais bien loin ceux-là.

Voilà Sergej le méchant Soviet’ qui finit par débarquer aux States, avec ses potes du KGB. Mais Sergej, lui, finit par se convertir du bon côté, à force de découvrir les petits plaisirs du capitalisme.
C’est ça, le rêve Américain.

 

3. En Mineur: Ville Dortoir et Monde Parallèle 

Au delà d’être juste un monde possible, l’univers Stranger Things mêle le vraisemblable à l’invraisemblable. 

Le monde du dessus — dont le décor n’est autre qu’une ville pépouze de la banlieue Américaine. Bien rangée.

Et l’upside-down, aka le monde du dessous, peuplé de monstres et de créatures qui ne sont pas justes flippantes — mais bien dégueulasses! 

Le parallèle est vite fait, tant les fantasmes que nourrissent ‘l’underground’ abondent pour rassurer le choix de vie bien tranquille des banlieues US.

Stranger Things, finalement, c’est Edward Aux Mains d’Argent qui aurait gobé trop de Flakka.
Juste répugnant. 

 

4. Le Grand Final: Teenage Love Sur Dégoulinades Eighties

Trrremblez légèreté, swag et élégance Seventies. 

Stranger Things achève d’enterrer un droit quasi-naturel des hommes civilisés: le droit de rire des calamités stylistiques des années 80.

Oui parce qu’une série télé en 2022 fait forcément dans le tapage et la mièvrerie. Stanger Things fait les deux.
Sans autre forme de procès. 

Et vas-y que les saisons s'achèvent sur machin qui pécho machine au bal de promo. Vas-y que truc friendzone bidule. L'air de dire: T'es pas le seul looser de la galaxie à te faire serrer dans la zone de sureté. 

Il y a plus encore.

Le connard de la série se tape des MILF avant de se faire butter manu militari. C’est la justice divine, bâtard.
TIN TIN TIN. 

Soudain, le clou de la connerie teenage love – sur fond de coupes de cheveux bien affreuses – il est incapable de dire ‘je t’aime’. 

Faut pas croire, c’est con comme un adulte, l’ado. Tu comprends, c’est trop intime. Trop dur. Trop fort. 

Et vas-y que du coup elle le quitte; qu’elle tombe sur un lettre façon prose romantique niveau CM2; que du coup elle revient… parce que putain, elle l’aime!!!

 

Attention, concept. 

Il ne faut pas sous-estimer l’impact sensible et cognitif de ces scénarios remâchés sur les consciences collectives: il y a 100% de chance que les jeunes de demain fassent de l’Homo Sensibilis un Homo Hypilis. 

Quésaco?

Un élan civilisationnel porté par l’hyper médiatisation de comportements complètement cons.