Ah le cinéma!
Et son genre le plus copié de l’histoire. L’aventure policière sur grand écran — une obsession qui vire à la pathologie…
Police et mafia.
Héroïque, comique ou corrompue.
On ne compte plus les films mettant en scène la police et la pègre, dans un copier-coller du genre — trame, trafics, morts, suspens ou travelling.
Les scénarios conventionnels se répètentad infinitum.
Jusqu’à ce qu’un réalisateur renverse joyeusement les valeurs, fasse du policier un méchant, du méchant un gentil, et… Place la morale de l’autre côté de la barrière.
Tout cela, évidemment, avant que son scénario ne devienne lui-même une convention à suivre…
C’est simple, à chaque génération de cinéaste, son modèle de film policier.
On s’interroge: le ‘film policier’ est-il un passage obligé pour les réalisateurs?
Est-ce le reflux artistique d'une mémoire traumatique? Une partie du gendarme et du voleur qui a mal tourné? Peut-être...
Qu’à cela ne tienne.
Si les films policiers n’innovent plus, ils servent, au moins, à reconnaître les valeurs d’une époque. Les films policiers portent en eux l’image que se fait la société d’elle même. Mais attention, pas toute la société.
Les hommes, principalement. Car oui, il faut être clair. Sincère.
Et bref.
Les films policiers c’est d’abord une histoire de gros bras, faite pour les petits bras. Des histoires de vrais mecs. Des mecs de la pègre. Des mecs du FBI. Du Quai des Orfèvres.
Une communauté de mecs sur-virils qui se collent aux fesses. Métaphoriquement. On serait dans un tout autre genre, sinon.
Mais non.
On est bien là pour attraper les méchants, venger les petits-gens, et, si possible, laisser les valeurs bourgeoises d’enrichissement et la loi du talion, surtout bien en place.
Il ne faudrait surtout pas donner de mauvaises idées.
Pêle-mêle, les histoires de films policier ça donne souvent: Respecter la loi protège. Et qu'importe les lois. On n'échappe pas à la justice. On n'échappe pas non plus à la mafia.
Au meilleur de sa forme, le scénario policier jette à l’imagination des spectateurs une ribambelle de valeurs que l’on croyait brûlée sur le bûcher des révolutions individualistes.
Genre: la défense de l’ordre établi, l’obstination de la vertu, la loyauté, le patriotisme, l’honneur, le respect des hiérarchies, les rôles figés de l’homme et de la femme…
Mais alors, pourquoi, vraiment, pourquoi les films mettant en scène mafia, flic et trafics reviennent en grappes tous les 36 du mois?
Pourquoi une telle obsession pour les films d’enquête, les gros pistolets, les pratiques abjectes de la police, celles atroces de la mafia; une telle fascination pour le trafic, la corruption, les économies souterraines, les complots, les assassinats à froid; les caractères à chauds, explosifs, teigneux, pugnace, vicieux, pervers?
Pourquoi le cinéma est obsédé par ces scénarios qui mettent le spectateur devant son obsession pour la virilité, le crime et la figure du mafioso?
Non vraiment, on ne voit que très peu l’intérêt esthétique.
Par contre, ce qu’on voit, c’est qu’il faut un Guy Richie, un Tarantino, un Luc Besson et un Dupieux pour rendre sexy un rôle à la Maigret, dérider la dégaine d’un neo Jean Gabin ou Ventura dans une histoire aussi funky que celle de LEON.
Il faut un Godard, un Resnais pour dégonfler le sérieux d’un Alain Delon, et donner au topic du film policier une poésie.
Une métaphysique.
Le reste peut bien servir un discours sur le danger et la dureté du monde. Sans autre forme de procès que celle qui nous condamne à ne surtout pas sortir des rails.
Crédits Images: Chef du LAPD, Collection numérique de l’UCLA, 1947
A Bout de Souffle, Jean-Luc Godard, 1960
Wrong Cops, Quentin Dupieux, 2014