Le Meilleur Ami Est Souvent Laid

An article written by Doria

Ciné Sidekick • Beauty Asymétrie

Si tant est qu’en 2023 on peut encore dire de quelqu’un
ou quelqu’une — qu’iel est objectivement laid•e.
Enfin peu plaisant à regarder. Enfin…
Au cinéma tout du moins!

Le Cinéma? Ce vortex de vérités tordues et de révélations macrosociales.

Une constante aussi inébranlable que les lois de la gravité: le meilleur ami du héros est souvent aussi attrayant qu’un cactus dans un concours de roses.

Oh surprise! Le beau et le banal, le sublime et le grotesque, le grand et le petit, le gros et le mince, la belle et la bête dansant un tango absurde sous les projecteurs.

Le Cinéma, c’est une comédie de contrastes, non?

Mais pourquoi ce sidekick du meilleur ami un peu laid demandez-vous?

Est-ce un complot des studios pour renforcer des normes de beauté irréalistes?

Un subterfuge pour nous faire croire que même dans la vie, chaque belle personne a besoin d’un ami moins gâté par la nature pour briller?

 

C'est ce qu'on appelle 'the ugly friend effect'.

Une tactique subtile où la présence d’une personne moins attrayante rend par contraste notre héros plus séduisant. Une sorte d’équilibre visuel entre le héros qui brille comme une supernova, et l’étoile naine — son meilleur ami.
C’est un peu mesquin, mais avouons-le, diablement efficace.

Le meilleur ami, lui, doit composer. Comment?

Dans chaque blague, chaque commentaire sarcastique, il y a un cri pour être reconnu pour autre chose que son apparence.
C’est un personnage complexe, tragi-comique qui souvent porte le film… A la fois le bouffon et le sage, dont un Jung aurait sans doute adoré dire:

“Tu sembles porter en toi l’archétype de l’ombre, projetant sur l’écran ce que la société refuse de voir en elle-même. Tu incarnes le dilemme de l’individu face aux normes sociétales. Ta position en tant que ‘meilleur ami laid’ est à la fois une malédiction et une bénédiction, te permettant de révéler les vérités cachées derrière les apparences.”

Alors au fond, ce trope ne serait-ce pas là une métaphore de notre société?

Un reflet de nos propres préjugés, où la beauté est reine et où l’ordinaire est souvent relégué à l’arrière-plan…
Dans notre société obsédée par l’image, la beauté est une monnaie. Elle ouvre des portes, gagne des cœurs et, oui, vend des billets de cinéma.

 

 

 

Les Films Surjoués • The Hustle, Chris Addison (2019)
Clueless, Amy Heckerling (1995)

Les Film Surdouée • Les Beaux Gosses, Riad Sattouf (2011)
©Les Visiteurs, Jean-Marie Poiré (1993)