Joli Mai, Chris Marker, 1962

An article written by Doria

Un film qui a plus à nous apprendre sur la France post-Algérie que n’importe quel livre d’histoire. Un vrai film, quoi.

Le Film à Exhumer. 

Joli Mai de Chris Marker. Sorte de livestream en plein mois de Mai 1962. Soit la fin de la guerre d’Algérie.

Une projection directe et spontanée dans la tête des Parisiens de l’époque. Et quelle magie du cinéma opère là!

Là où les films préfèrent saupoudrer le spectateur d’à-peu-près, de raccourcis et de possibles — les chroniques de la vie sociale: Chris Marker, lui, y saute… Les deux pieds joints, la bouche et les oreilles grandes ouvertes.

 

Ce qui surprend, d'abord, c'est la langue. Cette langue Française richement utilisée, même par le plus populo' des caractères interviewés.

Chris Marker rend au cinéma sa fonction de révélateur.
Révélateur des gens. 

Qui sont les gens? Que pensent les gens?
Qu’ont ils dans la tête, tous ces gens?

Chris Marker réalise le fantasme à la fois du timide, du curieux et du sociologue — il fait parler les gens.
Tous types de gens. 

A travers eux, c’est bien une époque qui parle, aussi.
Et aussi creuse que sonne cette expression bien galvaudée,
c’est exactement ce que ce film fait.

 

Il fait parler cette époque sans la farder du réalisme fantasmé d’un réalisateur. Sans l’affadir sous le poids de l’agenda politico-médiatique. 

 

Son trick ultime?
Chris Marker n’essaie pas de cacher qu’il tourne un film. Les gens n’essaient pas de cacher ce qu’ils pensent. 

Et… Tadaaah! Magie du cinéma: il parvient à éviter l’obstacle pharaonique qu’est la profilmie. Seule brille la doctrine des gens.

Et c’est bien comme ça qu’on aime le cinéma.
Quand il réalise l’impossible; soit montrer la vérité.