Briller en Société avec Gilbert & George

An article written by Doria

Art pour tous et transgression en veston-cravate.
Gilbert & George, l’art de deux terriens pensé pour tout être humain. 

En direct du East London. Depuis 1968. 

La conversation est le meilleur des divertissements.
A condition de namedrop les bons éléments. 

Le sérieux-rigolo de Gilbert & George par exemple. 


Deux sculpteurs devenus une sculpture vivante devenue la figure centrale de leur photographie sculpturale — facile, non?

Racisme, jeunesse, sexe, violence, liberté, l’universel, la religion, la mort… Leur but est de remettre l’art au service des thèmes clés de l’humanité. 

Et si nombres de personnes se bercent d’illusions idéologiques, Gilbert & George font tout le contraire! 

Athées. Pro-Brexit. Elégants. Pétillants. Mesurés. Humains. 

Et savamment insolents!

1. Belles Manières et Bravades en Veston-Cravates

Qu’on se le dise, l’artiste se projète plus souvent enclochard-céleste déconnecté des conventions que dans un costume-cravate. 

Pas eux. 

Dans leur volonté d’atteindre les foules, la sculpture vivante que compose Gilbert & George adopte les conventions bien établies de la société bourgeoise.

S’extraire des gens ordinaires par un style taillé dans le conventionnel. En veston-cravate quasi-identique, l’effet est forcément fascinant. 

Auréolés de la figure respectable du notable, Gilbert & George peuvent aborder les sujets les plus tabous.

Et moquer les artistes en proie aux vertiges baroques, inspirés de 5 grammes d’alcool.

Statement N°1: "Artists would get smashed at night, but in the morning they would go to their studio and make a perfect minimal sculpture. They were alcoholics but their art was dead sober."
Gilbert & George

2. L’Art en porte-à-faux des Niches 

Combien de fois a-t-on entendu dire que l’art n’avait d’autre but que lui-même — poncif devenu la réalité de nombre d’Ecoles d’Art, l’art vidé de toutes substances politiques peut se satisfaire d’être beau donc décoratif donc divertissant. 

Viser la niche? Inutile. 

Pour Gilbert & George, l’art est un manuel d’instruction.
Une conscience. Un sens. L’art est un outil pour l’imagination.

Son but: Changer la morale.
Comprenez le, et notez ça sur vos tote bags les gars!

Statement N°2: "Our reason for making pictures is to change people and not to congratulate them on being how they are." 
G&G

Abandonnant le genre de vérité dans laquelle le public aime se conforter, l’art de G&G pervertit les codes de la pop culture.

Beaucoup voient dans leurs compositions photographiques une référence aux vitraux — eux les déclarent comme une perversion des codes pervers des Tabloïds Anglais.

Accumulation. Couleurs criardes.
Réalités sulfureuses.

Lorsqu’en 2013 ils constatent les douilles d’aérosol qui jonchent les trottoirs du East London, de Shoreditch à Hackney, leur série établie un parallèle intéressant.

D’un côté, les femmes plus nombreuses à porter la burqa, de l’autre, une génération franchement dégarnie à coup de balloon.

Bang Bang!
L’art de niche est mort.

Statement N°3: "We see all the artists as somehow meaningless. They’re not asking any questions. We are quite disillusioned with that kind of art ourselves. We want an art that is in your face: Agressive. We are confrontational. Freedom of speech, we call it. To say what we want." 
G&G

3. 2017: The Fuckosophy

Capture tragi-comique de l’époque, leur dernière oeuvre en date propose une philosophie capable d’être lue et comprise par le plus grand nombre — The Fuckosophy. 4000 aphorismes.

Fuck-Fuck-Hourra!

Une provocation qui prend des allures de génie, la Fuckosophy s’éloigne de la pensée décente et franchement inféconde.

A force de relativisme, les gens s’ennuient et entraînent le monde avec eux.

Si tout se vaut, alors le sublime n’a aucun intérêt.
Fuck.

Et voilà que Gilbert & George osent importuner les dictateurs de la pensée. Sans rage revendicatrice. 

Un des thèmes ainsi dézingué: La religion.

Source même de l’intolérance. Des tricks de magiciens.
Des histoires fondées sur des tas de mensonges avérés.
Et jamais aucune excuse de la part de l’Eglise.

Statement N°4: "We are alone in this world, we have to be nice to each other." 
G&G

Le Brexit? Un buzzword obligeant à se positionner ‘pour’ ou ‘contre’.


Ils préfèrent souligner les contradictions d’une Europe qui se prétend ouverte. 

La liberté de mouvements des hommes est un mythe.
Un mythe occultant une liberté sélective. 

L’Europe est-elle un club fermé sur l’extérieur?
L’interrogation est légitime. 

La gentrification?

Statement N°5: "We’re very against the term gentrification. We think it’s classist and sexist, because you’d never say ladyfication. Or Jewification. Or blackification. Or Bangladeshification. They’ve got only it in for white people. It’s extraordinary. It’s punishing the honkies."
G&G

Scandalisant ainsi le lecteur, au même titre qu’une industrie bercée de bons sentiments, Gilbert & George provoquent la nuance plutôt qu’ils ne se positionnent. 

A une époque agressive où la pensée est forcée à la polarisation, cet art sert la conversation.

4. L’oeuvre est ratée dès lors qu’elle met tout le monde d’accord 

L’époque est à l’approbation du plus grand nombre.
La course aux likes entraîne la culture vers le moyen, le banal, le conformisme. Vers le marasme du tout-policé.

Les réfractaires, eux, se perdent volontiers dans la provocation extrémiste, dans un racisme-marketing.


La sculpture vivante ‘Gilbert & George’ taille un art qui sert à autre chose qu’à briller.

Un art qui invite à se définir hors des sentiers battus.
Un art qui permet à l’esprit de voyager vite et librement. 

Par-delà le mainstream. Par-delà l’avant-garde attentive à elle-même, surtout.

Statement N°6: "We can not change because of the criticism. We have to do what we have to do, doesn’t matter what they say about us. "
G&G

 

Love, Art and Sublimation Baby!